Saint-Jean-Cap-Ferrat, le pied-à-terre méditerranéen
À partir du printemps 1950, Jean Cocteau s’installe dans la villa Santo Sospir à l’invitation de son amie et mécène Francine Weisweiller. La magnifique villa, située près de la pointe de la presqu’île du Cap Ferrat, près de Nice, offre à l’artiste un cadre idyllique avec vue imprenable sur la méditerranée. Cocteau y est accueilli comme un invité de marque et comme un membre de la famille à part entière.
Dans cette atmosphère heureuse et conviviale, il commence à tracer de grands motifs sur les murs des pièces de la villa, avec l’autorisation enthousiaste de son hôtesse : « Tout l’été de 1950, j’ai travaillé sur des échelles. Un vieil ouvrier italien me préparait des poudres qu’on délaye dans le lait cru […] Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau. C’est pourquoi j’ai traité les fresques linéairement, avec le peu de couleurs qui rehausse les tatouages. Santo Sospir est une villa tatouée. »
L’une de ces œuvres monumentales, qui s’étale sur les murs de la chambre à coucher de Francine Weisweiller, représente une scène mythologique : Actéon, chasseur et petit-fils d’Apollon, est changé en cerf pour avoir épié la déesse Artémis se baignant nue. Le peintre Édouard Mac-Avoy vint réaliser un portrait de Cocteau dans la villa et représenta sur la toile la fresque aux côtés de son auteur.
Villefranche-sur-Mer, le lieu de la « mythologie personnelle »
Villefranche-sur-Mer est un petit port niché au creux de la rade encadrée par le Cap Ferrat à l’est et Nice à l’ouest. Cocteau connaît bien le lieu pour y avoir passé des séjours de plusieurs mois à l’hôtel Welcome au cours des années 1920, durant lesquels il composa plusieurs poèmes, pièces de théâtres et séries de dessins qui occupent une place majeure dans son œuvre.
Aussi, lorsque son ami Albert Lorent lui propose en 1952 de décorer la chapelle Saint-Pierre, située sur le port près de l’hôtel Welcome, Cocteau accepte et, malgré de nombreuses difficultés, en fera un autre des chefs-d’œuvre de décoration murale qui témoignent de son talent sur la Côte d’Azur. C’est aussi à Villefranche qu’il rencontre un couple de potiers, Philippe Madeline et Marie-Madeleine Jolly, avec qui il explorera l’art de la céramique jusqu’à sa mort. « C’est à Villefranche-sur-Mer que j’ai enfin trouvé ma mythologie personnelle », dira-t-il.
La série de dessins dite des Innamorati, réalisée en 1961, représente un couple vêtu de costumes typiques de la Côte d’Azur — un jeune homme coiffé du bonnet à poche des pêcheurs méditerranéens et une jeune fille portant la capeline, large chapeau de paille. Tous deux évoluent dans un décor évoquant un port méditerranéen ; la petite église qui figure en arrière-plan de certaines des planches rappelle singulièrement l’abside arrondie de la chapelle Saint-Pierre de Villefranche décorée par Cocteau, vue du large.
Menton, le testament artistique
À Menton, Jean Cocteau continue son œuvre de décoration monumentale avec la salle des mariages, pour laquelle il invente un nouveau style graphique tout en méandres. Mais c’est aussi à Menton que Jean Cocteau se voit proposer d’installer son premier musée, de son vivant, dans le fortin désaffecté du port. Sensible à cet hommage, l’artiste s’investit dans la restauration puis la décoration du lieu, qu’il envisage comme un instrument de transmission de son œuvre aux générations futures. La sélection d’œuvres qui constitue le fonds originel du musée du Bastion offre un éventail représentatif de cette période de 13 ans extrêmement prolifique que Cocteau passe sur la Côte d’Azur.
Liens externes :
Site internet de la villa Santo Sospir
Cocteau et Villefranche sur le site internet de la ville de Villefranche-sur-Mer
La chapelle Saint-Pierre de Villefranche-Sur-Mer sur le Portail des Savoirs des Alpes-Maritimes