Jean Cocteau commence à travailler au pastel sec à la fin des années 1940. C’est avec cette technique qu’il réalise notamment en 1949 le carton de sa tapisserie monumentale Judith et Holopherne. Cette pratique est en rupture avec sa technique habituelle de dessin au trait et lui ouvrira par la suite les portes d’autres médiums colorés : « J’ai frotté simplement du pastel sur du papier rugueux et j’ai vu que cela m’empêchait d’être simplement graphiste. J’ai vu qu’au lieu d’une écriture, cela me rapprochait du métier de peintre… »
La peinture de chevalet occupe ensuite ses recherches artistiques au début de la décennie suivante. Mais les substances chimiques contenues dans la peinture à l’huile lui causent de sévères réactions cutanées qui le forcent à abandonner ce médium en 1954. Alors qu’il cherche d’autres moyens d’explorer la couleur, son amie et mécène Francine Weisweiller lui offre énorme une boîte de 680 pastels secs en guise de cadeau de Noël : Cocteau se lance alors dans la réalisation de dizaines de dessins. Cette période de productivité exceptionnelle atteindra son apogée en 1955 : l’artiste livre de grandes séries dans lesquels il met à profit le rendu très fin et nuancé des pastels pour décliner un certain nombre de thèmes éminemment méditerranéens tels que les Arlequins, les créatures mythologiques, les scènes tauromachiques ou encore les couples d’amoureux.
Cocteau poursuivra ses recherches sur la couleur avec la céramique, les vitraux ou encore la tapisserie. En 1961, il emprunte à son ami Picasso une nouvelle technique, celle des crayons à la cire. Ceux-ci ressemblent aux pastels, mais ont un rendu très différent : contrairement à ces derniers, ils ne se mélangent pas mais laissent entrevoir la couleur du papier, permettant des effets de contraste saisissants. Cocteau utilisera notamment ces crayons à la cire (des Caran d’Ache Neocolor 7000) pour la série des Innamorati.