Jean Cocteau devant la fresque d’Actéon à Santo Sospir

Édouard Mac-Avoy
Jean Cocteau devant la fresque d’Actéon à Santo Sospir
1955
Huile sur toile
Dépôt du Musée Masséna, Nice
N° dépôt D MAH 87182

Cette grande toile du peintre Édouard Mac-Avoy, de 2,10 m de largeur sur 1,75 m de hauteur, représente Jean Cocteau posant à côté d’une des décorations murales qu’il réalisa dans la villa Santo Sospir. On y voit dans la partie droite le poète assis sur une chaise, pieds nus, en robe de chambre, devant une porte close. La moitié gauche est occupée par une silhouette cornue tracée sur le mur, qui semble s’élancer vers la gauche, et dont les pieds se superposent au corps de Cocteau, comme si elle émanait directement de sa personne.

Peintre à la vocation précoce, Édouard Mac-Avoy s’était fait une spécialité des portraits de grandes figures du monde artistique, souvent réalisés alors que ses modèles avaient atteint un âge avancé : « Mac-Avoy peint ces visages dont, la jeunesse passée, nous sommes devenus responsables », disait de lui François Mauriac. Mac-Avoy proposa à Cocteau, qu’il connaissait depuis les années 1920, de réaliser son portrait ; à cet effet il se rendit à la villa Santo Sospir, où séjournait le poète sur la Côte d’Azur, en septembre 1955. Comme à son habitude, Mac-Avoy prépare son travail en amont, dans l’optique de saisir la personnalité de son modèle au-delà de sa simple apparence physique : « Je m’abreuve de textes de toi, que j’aime, et que je relis ; je me repais de tes images, et j’accumule les esquisses [...] Un portrait, c’est un être humain placé dans des conditions d’exceptionnelle solitude, afin qu’il soit jugé. »

Les séances de pose sont l’occasion de longues discussions entre le peintre et son modèle. Cocteau pose tout d’abord dans le jardin, devant l’une de ses grandes mosaïques, mais il change d’avis et c’est finalement la chambre de Francine Weisweiller qui servira de cadre. Le décor mural représente le personnage mythologique d’Actéon, petit-fils d’Apollon, changé en cerf par la déesse Artémis pour l’avoir épiée alors qu’elle se baignait nue : c’est l’un des dessins les plus emblématiques que Cocteau a réalisés dans cette villa.

La toile fut acquise par la peintre américaine Romaine Brooks, amie de Jean Cocteau dont elle avait elle-même réalisé un portrait en 1912. Offerte à la ville de Nice, elle fut intégrée à la collection du musée Masséna, qui la confia en dépôt au musée du Bastion lors de son ouverture au public en 1966.


Liens externes :
Dessins préparatoires au portrait de Jean Cocteau sur le site mac-avoy.fr